lundi 21 décembre 2015

Madrid Jour - 3 [Soirée électorale]


Les premières estimations des résultats tombent vers 20 heures. Le PP est en tête, Podemos et le PSOE arrivent ensuite au coude à coude et Ciudadanos est un peu plus loin. Cette tendance se confirmera tout au long de la soirée. Le "bipartisme" tel qu'il existait en Espagne depuis plus de 30 ans est terminé, une nouvelle ère politique s'ouvre.

Au siège du PSOE, l'ambiance n'est pas à la fête. Il y a plus de journalistes que de militants. Une sympathisante nous confie son désarroi par rapport à la législature qui se termine et à un avenir qu'elle juge bien sombre pour ses enfants. "Ils nous ont même pris notre joie de vivre" nous dit-elle.

En face du musée Reina Sofia, Podemos organise une grande fête populaire en plein air. L'enthousiasme est palpable, les personnes présentes sont satisfaites des résultats. Les dirigeants du parti prennent le micro sur une scène et enflamment la foule nombreuse et compacte. Pablo Iglesias paraphrase le mot de Marx sur la Commune de Paris et parle de la dynamique collective qui a permis de partir à l'assaut du ciel. Un hommage est rendu à des personnalités historiques comme Lorca ou Allende. La fête se clôture avec "El pueblo unido jamàs serà vencido" de Inti-Illimani.
Et maintenant? Après l'alternance bipartite, les espagnols vont expérimenter la complexité multipartite. Difficile de prédire la composition du futur gouvernement, sa formation s'annonce longue. Une majorité de gauche avec plusieurs partis est possible. Il sera tout sauf aisé d'y arriver. Si cela se passe, il ne sera pas moins difficile de ne pas décevoir les citoyens et l'associatif surtout en restant dans le carcan des politiques néolibérales imposées par l'UE. Il sera ardu pour Podemos d'obtenir en étant minoritaire ce que Syriza n'a pu obtenir en étant majoritaire. Mais cela est une autre histoire...


Projet réalisé avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles


dimanche 20 décembre 2015

Madrid - Jour 3 [Élections]


Ce matin, nous nous sommes rendus à l'école Joaquin Costa de Madrid, où se trouve l'un des plus gros bureau de vote de la capitale. Le quartier, situé près de la Puerta de Toledo, brasse des publics assez différents. Des personnes agées, des familles avec des jeunes enfants et des étudiants y défilent toute la journée. L'équipe de ProJeuneS a interviewé une vingtaine de personnes, principalement des jeunes, qui nous ont partagé les raisons de leur vote. Bien qu'ils aient été peu nombreux a dévoiler leur vote, ils ont tous mis en avant l'importance de voter dans le contexte actuel. Un grand enthousiasme était perceptible. Les enjeux les plus souvent pointés étaient l'emploi (des jeunes), la corruption, l'enseignement, la santé et l'économie.

Ce soir, nous irons aux sièges de plusieurs partis politiques pour prendre la température, en cette soirée électorale qui s'annonce historique.








Projet réalisé avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles

samedi 19 décembre 2015

Madrid - Jour 2

En cette deuxième journée de mission, nous sommes retournés à la Puerta del Sol, lieu emblématique d'où est parti le mouvement des indignés. L'objectif était d'aller à la rencontre des jeunes citoyens qui circulaient dans la place afin de les interroger sur leurs intentions et leur perception pour le vote de dimanche. Différentes personnes ont pu s'exprimer face caméra sur les thématiques qui leur étaient chères et les propositions des partis en la matière. Ils nous ont fait part de leur envie d'aller voter dimanche et de contribuer à un changement politique.

En fin d'après-midi, la délégation de ProJeuneS s'est rendu chez un représentant de l'association "cine sin autor" (Cinéma sans auteur). Il nous a détaillé leur projet associatif. Il s'agit de démocratiser le cinéma en mettant fin au monopole de quelques élites et en permettant à des collectifs de promouvoir activement ce mode d'expression culturelle. Il a fait le lien avec la nécessité d'en finir avec la concentration de pouvoir aux mains de quelques privilégiés et de faire que la politique soit l'affaire de tous. Il a par ailleurs évoqué les récents changements au niveau de la mairie de Madrid. S'il considère que les intentions de la nouvelle majorité semblent favorables, il trouve qu'il est encore tôt pour pouvoir juger d'un changement effectif.

Ce soir à la veille des élections, notre sentiment est que la volonté de changement est perceptible auprès des gens rencontrés quelque soit le parti qu'ils s’apprêtent à soutenir. Demain, journée électorale, nous nous rendrons devant les bureaux de vote afin de recueillir leurs impressions à la sortie des urnes.






Projet réalisé avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Madrid - Jour 1

Nous sommes arrivés à Madrid ce vendredi à 11h avec les camarades de ProJeuneS. Notre présence dans la capitale espagnole s'inscrit dans le cadre d'une démarche associative visant à promouvoir notamment auprès de la jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles un débat sur les luttes sociales et les alternatives politiques en Espagne. Le projet se situe clairement dans la continuité du travail autour de la rencontre que nous avions concrétisée, dans la même ville, en 2011 avec le mouvement social historique qu'a été celui des "indignés". Nous avons voulu revenir à Madrid, plus de 4 ans après, pour prendre la mesure des perspectives sociétales ouvertes par cette lutte de la jeunesse espagnole et sa traduction politique possible à l'occasion des élections générales de ce dimanche.

Il faut se rappeler que la révolte initiée par ces milliers de jeunes qui occupèrent la Puerta del Sol de Madrid, ainsi que d'autres places dans divers lieux de l'Etat Espagnol, était dirigée tant à l'encontre des banques, sauvées par les pouvoirs publics, mais impitoyables avec les nombreuses personnes qui n'arrivaient plus à assumer leur crédit hypothécaire, que de la classe politique du pays. Un des slogans les plus scandés à l'époque à la puerta del sol était "No nos representan" (ils ne nous représentent pas). Il est vrai que nous étions à l'époque à la fin du dernier mandat du Premier Ministre Socialiste Zapatero, qui avait initiée une politique d'austérité conséquente suite à la crise des dettes souveraines. Outre par les dégâts causés par ce choix politique impulsé par les dirigeants de l'UE, l'indignation de la jeunesse était nourrie par le sentiment que l'alternative existante au PSOE était le Parti Populaire (PP), dont on savait que la victoire électorale amènerait inévitablement encore d'avantage d'austérité. La nuance assez ténue entre politiques menées par la gauche et la droite dites de gouvernement, réalité qui soit dit en passant est loin d'être spécifique à  l'Espagne, avait engendré un grand rejet de ce que les jeunes indignés appelaient le "bipartisme", renvoyant dos à dos PSOE et PP.

Quatre années ont passé. Le PP a remporté les élections et a effectivement poursuivi et accentué l'austérité. Les indignés n'occupent plus la Puerta del sol mais le "Bipartisme" semble être en voie d'extinction. Deux nouvelles formations politiques sont pratiquement au coude dans les sondages avec PP et PSOE. L'une d'entre elles, Podemos, est porteuse de différentes revendications issues en ligne directe des indignés. 

Durant les 4 jours de mission à Madrid plusieurs vidéos seront tournées dans différents lieux de rassemblement ainsi que des interviews de différents acteurs sociaux et de citoyens lambda. Le produit de ce travail sera ensuite mis en forme et servira de base à des discussions avec des jeunes, en Belgique, sur la situation en Espagne.

Dans l'après-midi, nous avons été rencontrer l'un des porte-paroles de la Plateforma de afectados de la hypoteca (PAH). Il faut savoir qu'il y a jusqu'à 500.000 espagnols qui n'arrivent plus assumer leur crédit hypothécaire et qui sont sous le coup de poursuites judiciaires qui peuvent déboucher sur la saisie de leurs biens et l'expulsion de leur logement. Le militant nous explique qu'à l'instar de ce qui s'est passé aux États Unis avec les subprimes, les banques espagnoles ont sciemment accordé des crédits hypothécaires en sachant que  leurs clients auraient énormément de difficultés à les rembourser. L'actualité sociale espagnole a été émaillée ces dernières années d'incidents dramatiques avec des expulsions de familles entières qui n'arrivaient plus à rembourser leurs prêts. Ce qui avait fait émerger différents mouvements sociaux pour s'y opposer. La nouvelle maire de Barcelone en est d'ailleurs issue. Le porte-parole nous a fait part de sa déception quant l'action menée jusqu'à présent sur cette problématique-là, tant au niveau la mairie de Barcelone que de celle de Madrid, qui est également dirigée depuis quelques mois par une majorité de gauche. De manière plus globale, il a regretté que certains activistes de ces luttes contre les expulsions et les saisies immobilières sont passés dans des partis politiques et semblent oublier d'où ils viennent.

Nous avons également été à la rencontre des animateurs de "Agora Sol Radio", une radio auto-gérée qui émet sur Internet. Elle avait été créée par les indignés de la Puerta del Sol à l'époque du mouvement. Cette radio diffuse une programmation alternative et militante. Les animateurs ont insisté sur leur indépendance par rapport à tous les partis politiques en ce compris Podemos.

En début de soirée nous nous sommes rendus à l'activité de clôture de campagne de Podemos. L'ambiance était très détendue et familiale. Nous avons réalisé des prises d'images et de sons. Les militants avec lesquels nous nous sommes entretenus nous ont fait part de leur optimisme par rapport aux élections de dimanche et aux possibilités de changement dans le pays.



















Projet réalisé avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles

mercredi 16 décembre 2015

ProJeuneS à Madrid, pour les élections générales en Espagne !

Du 18 au 21 décembre 2015, l'équipe de ProJeuneS sera présente à Madrid, pour assister aux élections générales.

Ce blog rendra compte non seulement de cet événement central de la vie politique espagnole, mais également des attentes de la population et des jeunes vis-à-vis de ces élections, dont la participation du parti Podemos au futur gouvernement est un des enjeux historiques.

Outre les micro-trottoirs que nous réaliserons durant ces quatre jours, nous rencontrerons aussi des associations de terrain, directement impliquées dans le quotidien des Madrilènes, qui ont subi de plein fouet la crise de 2008.

Restez connectés - ça commence bientôt !




Projet réalisé avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles